Ils comptent leurs profits, on compte nos pertes.

Ils comptent leurs profits, on compte nos pertes.

> Billet d’humeur du 27 novembre 2018

À Bordeaux et dans sa métropole, les immeubles et les nouveaux projets urbains poussent comme des champignons. Il n’y a qu’à voir le paysage truffé de grues pour se faire une idée de l’ampleur des travaux. Mais qu’en est-il pour les salarié-e-s de la construction ?

On meurt et on se blesse toujours autant dans le secteur du BTP ! En France, en 2017 on compte un-e mort-e tous les deux jours dans le secteur du BTP (sans comptabiliser les intérimaires1) ! En Gironde, la multiplication des chantiers dans des délais intenables provoque une augmentation des accidents du travail.

Notre syndicat n’a pas vocation à tenir une macabre rubrique nécrologique. Nous voulons simplement montrer que le secteur de la construction, qui rapporte beaucoup aux entreprises et investisseur-se-s, coûte cher en vies humaines pour la classe ouvrière.


Hugues Fourmentraux, président directeur général de Vinci Construction France

Virginie Calmels, présidente de l’EPA Bordeaux – Euratlantique et vice-présidente de Bordeaux Métropole

Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole.

© PERL


Au moins 6 accidents en Gironde.

Ces quatre derniers mois, la presse a évoqué quatre accidents mortels en Gironde.

  • Mercredi 25 juillet, à Saint-Vincent-de-Pertignas, un ouvrier âgé de 28 ans, perd la vie sur un chantier de voirie. Il a été écrasé par un rouleau compresseur. (source Sud-Ouest 25/07/2018)
  • Mardi 21 août, à Bordeaux centre, un autoentrepreneur de 45 ans, est tombé d’une dizaine de mètres, alors qu’il posait une menuiserie. L’ouverture de la fenêtre n’était pas munie de garde corps. (source Sud-Ouest 22/08/2018 ainsi que Ouest-France 23/08/2018)
  • Mardi 9 octobre, sur un des chantiers du projet Bordeaux « Euratlantique », un intérimaire a été écrasé par l’effondrement d’un plafond. Deux de ses collègues ont été blessés dans ce bâtiment en cours de démolition (source Sud-Ouest 10/10/2018).
  • Jeudi 8 novembre, un salarié d’une entreprise de construction de Bouliac, âgé de 38 ans, est décédé, écrasé par un stock de 3 tonnes de barres métalliques (source France 3 Nouvelle-Aquitaine 08/11/2018).

Ceci n’est que la partie visible de l’iceberg. Beaucoup d’accidents mortels ou graves ne sont pas relayés par la presse. Nous pouvons affirmer qu’au moins deux autres accidents ont eu lieu récemment en Gironde, dans le silence le plus total :

  • Vendredi 5 octobre, un jeune apprenti charpentier (scolarisé à Blanquefort) a trouvé la mort suite à une chute.
  • Lundi 8 octobre, un salarié âgé de 25 ans, travaillant pour la coopérative Art Bois (à Cestas), a été amputé d’une jambe après un accident lors d’une opération de manutention.

Perdre sa vie à la gagner?

S’il est toujours aussi dangereux de « gagner sa vie » au turbin, ce n’est pas parce que nous prenons des risques inutilement ou travaillons n’importe comment. Ce n’est pas non plus une fatalité liée « aux risques du métier » ! C’est parce que les employeurs se préoccupent peu de la sécurité. Ils font très souvent l’économie des moyens de protection, qu’ils considèrent comme une perte de temps et d’argent. À croire qu’il vaut mieux perdre un ouvrier !

Ce à quoi s’ajoute les mauvaises conditions de travail, le recours à l’intérim et à la sous-traitance qui sont des facteurs importants dans la multiplication des accidents du travail.

Riposte syndicale.

Notre syndicat tient à dénoncer les comportements de patron-ne-s qui cherchent par tous les moyens à dissimuler les accidents du travail. Certain-e-s n’hésitent pas à faire pression sur leurs ouvrier-ère-s pour qu’ils ne les déclarent pas, tantôt en recourant au chantage tantôt en les soudoyant avec de l’argent liquide.
L’un d’entre nous a même été témoin d’une situation ou un patron a équipé une salariée d’un harnais après qu’elle est tombée d’un toit et avant que les secours n’arrivent.

Le syndicat de la construction de la gironde (SUBTP33) mène depuis quelque temps une campagne de sensibilisation sur la sécurité et contre les accidents sur les chantiers. Cela consiste en :

  • Un soutien et une solidarité aux salarié-e-s qui nous sollicitent.
  • Des distributions, à l’embauche des chantiers, de tracts informant par exemple sur le droit de retrait.
  • Des signalements à l’inspection du travail de chantiers dangereux qui ont été fermés en attendant d’être mis aux normes.
  • Mise en lumière des chantiers où il y a eu des accidents mortels connus.

La responsabilité des employeurs, mais pas que…

N’oublions pas que pour le moment les patron-ne-s sont toujours responsables de la santé physique et mentale de leurs salarié-e-s. C’est à dire qu’il-elle-s doivent garantir notre sécurité lorsqu’il-elle-s nous font travailler (article L. 4121-1 du Code du travail). C’est actuellement encore une obligation de résultat. Cependant le 28 août dernier une députée (Charlotte Lecocq : La REM) a remis un rapport intitulé «Vers un système simplifié pour une prévention renforcée ». Rapport qui vise à réduire les obligations et les sanctions pour les patron-ne-s en matière de santé/ sécurité au travail.


De même il faut savoir que le maître d’œuvre, c’est à dire le client, a une responsabilité en ce qui concerne la sécurité des travailleur-euse-s de son chantier. Il doit notamment évaluer les risques et définir des mesures de prévention (article L. 4531-1 du Code du travail).

Méfions-nous donc des employeurs qui font pression (au niveau des tribunaux et de la législation) pour diminuer leur responsabilité sur ce sujet. Organisons-nous, syndiquons-nous pour faire respecter nos droits. Inversons le rapport de force pour ne plus perdre nos vies à essayer de la gagner !

Solidarité de classe !

SUB-TP-BAM33


1 Les accidents du travail des intérimaires (même si il-elle-s travaillent dans le secteur de la construction) sont comptabilisés dans le champ « activités de services » et non dans « l’industrie du Bâtiment et des Travaux Publics ». Cette subtilité statistique permet de masquer de nombreux accidents survenus dans le BTP.


Pour plus d’infos sur les accidents du travail, on vous conseille :


1 mort tous les deux jours

> Rassemblement

Mardi 7 novembre 2017 – 18h – Arrêt Achard, Tram B (Bordeaux Bacalan)

Suite à la mort d’un ouvrier sur un chantier de Bordeaux Bacalan, (cf. article) les syndicats CNT Construction 33, CGT Bordeaux Nord, CGT CARSAT Aquitaine, CGT Ford et CGT RSI Aquitaine appellent à un rassemblement pour dénoncer un état de fait.:

la classe ouvrière paye en vies humaines, pendant que les constructeurs comptent leurs profits en euros.

Ce nouvel accident montre une nouvelle fois que les constructions ne sont pas faites que de sueur mais aussi de sang.

Voici notre communiqué commun avec l’appel à rassemblement à proximité du chantier ou est décédé l’ouvrier :


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Ces grèves ne servent à rien !

> Billet d’humeur du syndicat du BTP de la Gironde

Ces grèves ne servent à rien !

Un jour par ci un jour par là, c’est reparti pour les grèves « saute-moutons ». Pour les salarié-e-s que nous sommes, ces grèves nous mettent en difficulté. On laisse filer des journées de salaire, on s’expose aux sanctions, aux pressions, aux licenciements… Oui la grève est un droit mais lorsque nous l’utilisons, il n’est pas rare que nous en subissions les conséquences.

Les « mouvements sociaux » finissent par s’éteindre et les réformes par s’accumuler. Celles et ceux qui prennent les risques sont doublement sanctionné-e-s.

Ces « journées d’actions » éparpillées sur plusieurs semaines voire plusieurs mois ne permettent pas de massifier le mouvement ni de créer un rapport de force. Au contraire elles nous affaiblissent d’années en années.

Il n’en faut pas plus pour qu’on vienne nous dire que « la grève ne sert à rien ».

La grève ne sert à rien ?

Si vous aviez dit à un-e travailleur-se du début du 20e siècle qu’un jour on pourrait partir en congés tout en étant payé, il/elle vous aurait traité d’uluberlu.

Si vous aviez dit à ce-tte même travailleur-se qu’on pourrait un jour partir en retraite tout en ayant une rente, il/elle vous aurez qualifié d’utopiste. Etc.

Et pourtant aujourd’hui ça nous semble avoir toujours existé. Il en fallu des luttes, des grèves, des blocages, des occupations, pour que les travailleur-se-s arrachent des contre-parties à leur exploitation quotidienne. Oseriez-vous traiter nos aïeux de feignant-e-s ? D’autant plus que beaucoup n’ont pas bénéficié des droits pour lesquels ils/elles se sont battu-e-s ! Peut-être pourrions-nous en faire autant pour les générations futures ?

Et puis la grève, ça permet de remettre les pendules à l’heure : sans travail, pas de production. Sans production, pas de bénéfices. Sans bénéfices, pas de richesse, pas de salaire pour le patron, pas de parachute doré, etc. En clair, ça permet de rappeler que le/la travailleur.se ne coûte rien, mais qu’il/elle produit tout.

Nos adversaires nous piétinent peu à peu et expriment un violent mépris pour la classe ouvrière. Certain-e-s travailleur-se-s ont intégré ce mépris au point de vouloir s’extirper coûte que coûte de la classe ouvrière, au point de se livrer à une guerre sans merci contre leurs collègues. Il n’y a pourtant aucune honte ni aucune méfiance à avoir vis-a-vis de ce que nous sommes. La classe ouvrière doit reprendre confiance en elle-même, elle pourra ainsi espérer obtenir de nouvelles conquêtes sociales.

La grève générale illimitée.

Nous avons l’impression d’enfoncer des portes ouvertes lorsque nous disons que plutôt que d’être des milliers à faire 15 journées de grève éparpillées sur 6 mois (comme ce fut le cas en 2016), il nous suffirait de faire 15 jours de grève d’affilée pour les faire plier. En trois mots : « Grève générale illimitée ». Qui plus est, il est fort probable qu’une perspective de victoire inciterait nombre de salarié-e-s à prendre les risques qu’implique la grève.

La tâche est immense et nous sommes bien conscient-e-s que la grève générale et illimitée a peu de chance d’éclater demain. Mais pour qu’elle advienne un jour, nous devons la préparer, nous devons nous organiser, nous solidariser, rétablir un rapport de confiance entre salarié-e-s des différents secteurs professionnels.

Notre syndicat s’inscrit dans ce travail quotidien. Et en attendant que les conditions soit réunies, nous continuons et continuerons d’appeler à la grève générale illimitée.

Jeudi 19 octobre 2017

Le syndicat SUB-TP-BAM de la Gironde

Il n’y a pas que les militaires qui meurent au travail !

> Billet de (mauvaise) humeur – Accident du travail

Mardi 17 Octobre – Syndicat du Bâtiment et des Travaux publics

On n’en finit plus de compter les sondages qui classeraient la métropole bordelaise en tête de gondole des villes les « plus attractives », « où il fait bon vivre », … Enfin, ça dépend pour qui !

La quartier Bacalan, rebaptisé pour l’occasion quartier « Bassins à Flots », a été ravagé en quelques années par des projets immobiliers monstres dans le but d’attirer des milliers d’habitant-e-s.

Les immeubles sont construits à la va-vite à grand renforts d’intérimaires et de « salarié-e-s détaché-e-s » (cf art. Sud-Ouest du 11 octobre 2017), dont les cotisations sociales sont à hauteur de celles du pays d’origine. Les promoteurs immobiliers et les constructeurs ne comptent pas leur bénéfices (en euros) ni les pertes (humaines).

Le lundi 16 octobre 2017 est survenu un nouvel accident sur un chantier situé rue Delbos (Bordeaux Bacalan). La chute d’un ouvrier maçon, intérimaire, s’est révélée fatale (cf Art. Sud Ouest du 16 oct 2017). Il rentrera parmi les siens entre quatre planches.

Pour rappel, des faits similaires, nous avez fait pousser un coup de gueule il y a quelques mois (On est tou-te-s dans le même bateau?) et nous savons malheureusement que nombre d’ouvrier-e-s meurent dans le plus grand anonymat.



Pour plus d’infos sur les accidents du travail, on vous conseille vivement deux pages intéressantes:


Face à une situation dangereuse sur un chantier / au travail.

Face à une situation dangereuse sur un chantier / au travail.

> Information – Conseils

Il faut tout d’abord noter que la sécurité, physique et mentale, au travail est une obligation de résultat de la part du patron (article L.4121-1 code du travail), c’est à dire qu’il est totalement responsable lorsqu’il y a un accident du travail ou maladie professionnelle.
Devant cette responsabilité l’employeur tentera de retourner la faute sur l’ouvri-er-ère. Il est donc impératif que l’employeur n’y arrive pas.
Il n’existe pas une seule et unique réaction à adopter mais pensons à avoir quelques réflexes.


Illustration de Sergio
Face à une situation dangereuse au travail :
  • En parler avec ses collègues, une réaction collective peut être plus efficace.
  • Récolter des preuves (photos, témoignages écrits le plus précis possible, noter les entreprises présentes…)
  • Un-e salarié-e à un droit de retrait face à une situations dangereuse au travail (articles L.4131-1 et suivant code du travail).
  • Alerter le ou la responsable de la sécurité sur le chantier.
  • Alerter l’Inspection du Travail (DIRECCTE Aquitaine : 05 56 99 96 12)
  • En faire part à un syndicat ouvrier.

Face à un accident du travail :

Un accident survenu au salarié-e, quelque soit son contrat, par le fait ou à l’occasion de son travail, quelle qu’en soit la cause, est considéré comme accident du travail (AT).

  • Exiger des secours immédiatement.
  • Prévenir ou faire prévenir son employeur dans les 24h.
  • Récolter des éléments pour reconstituer la scène de l’AT (noter l’heure, la date, les conditions, si possible prendre des photos sur le moment, écrire son point de vue de l’AT, relever les manquements de l’employeur…)
  • Consulter un médecin du travail ou son médecin traitant pour constater les blessures et séquelles de l’AT.
  • Exiger de l’employeur une déclaration officielle de l’AT. S’il refuse la déclaration peut être faite par le ou la salarié-e au près de la caisse d’assurance maladie.
  • Refuser un arrangement à « l’amiable » avec le patron.
  • Être solidaire avec le ou la collègue, ayant subit l’AT, est sur le moment et par la suite une aide précieuse et nécessaire.
  • Se faire assister par une aide extérieure (son entourage, conseill-er-ère-s du salarié-e, syndicats…)
  • Un-e salarié-e peut entamer une action en justice (prud’homme et/ ou pénal) contre l’employeur.

Pour plus d’infos sur les accidents du travail, on vous conseille :


On est tou-te-s dans le même bateau ?

> Billet d’humeur

Les patrons savent crier haut et fort qu’ils prennent (tous) les risques, que la réussite de l’entreprise est due à leur bonne gérance, que lorsqu’un chantier se passe bien c’est grâce à eux, qu’ils tiennent leur entreprise à bout de bras.

Faut-il leur rappeler que leurs salarié-e-s travaillent, produisent et donc génèrent les bénéfices ? Et parfois aussi, ils/elles en meurent. Ne serait-ce pas ça, le plus gros risque ?

La Mèche

Vendredi 07 Juillet 2017, suite à la chute d’un outil sur sa tête, un ouvrier décède sur le chantier des quais de la Dordogne (Libourne)1. Le lundi suivant, à Queyrac (Médoc), un maçon meurt enseveli sous des gravats après l’effondrement du mur sur lequel il travaillait.2

Le premier était intérimaire pour EOL Intérim, le deuxième n’avait que 21 ans. Nous sommes nous mêmes des travailleur-se-s du BTP et nous savons que la précarité et la jeunesse sont deux critères qui font de nous des salarié-e-s particulièrement exposé-e-s aux risques. Par manque de formation ou parce qu’on n’est pas en situation de pouvoir faire respecter nos droits.

Une fois l’accident survenu, il est trop tard.

Nous, membres du syndicat du BTP, souhaitons témoigner une nouvelle fois que nous sommes attristé-es par ces décès car ils sont irréparables. Mais nous refusons de nous résigner !


En France, en 2015, dans le seul secteur du BTP, 130 morts ont été recensés (soit un mort tous les 2 jours ouvrables). Nous savons que dans nos métiers, le risque zéro n’existe pas, mais nous savons aussi que nombre de ces morts pourraient être évitées.

Les conditions liées à l’exercice de nos métiers nous mettent en situation de danger. C’est pourquoi nous considérons que les patrons portent une lourde responsabilité dans ces drames.

Faujour

Évidemment, nous savons que des salarié-e-s refusent eux-mêmes certaines sécurités, comme si le danger devait faire partie du métier… Et il n’en faut pas plus pour que les employeurs osent rejeter la faute sur les salarié-e-s : « Je lui avait dit de faire attention… ».

Comme si, le patron, qui sait se faire obéir pour que les ouvriers arrivent à l’heure, qui sait se faire obéir lorsqu’il faut exécuter une tâche, qui sait se faire obéir lorsqu’il faut faire une heure sup, … Ne sait pas se faire obéir lorsqu’il demande de travailler en toute sécurité. En réalité, les employeurs considèrent que la sécurité coûte de l’argent et ralentit les cadences. Ils estiment que les formations sur ce sujet ne sont pas nécessaires.

Serait-ce trop demander que de pouvoir exercer nos métiers dans des conditions sécurisées et décentes ? D’ailleurs, à ce titre, nous rappelons qu’il existe encore un « droit de retrait » face aux situations de dangers.


Les patrons mettent des euros en face de la sécurité. Nous, chaque jour, nous mettons notre vie.

Accidents du travail : terrorisme patronal!


Pour plus d’infos sur les accidents du travail, on vous conseille :


Coup de chaleur sur les chantiers.

Coup de chaleur sur les chantiers.

> Information – Conseils

 En été, surtout en cas de fortes chaleurs, il faut savoir mesurer son effort, en stoppant les prétentions du patron à « faire suer le Burnous ».

Nos patrons, dont le cerveau a été remplacé par la calculette à profits, sont bien loin de se soucier de nos conditions de travail et bien peu attentifs à garantir notre santé.

Et pourtant c’est bien notre peau que l’on risque, à vouloir, dans le cadre de fortes chaleurs, continuer à répondre à leurs exigences de rentabilité.

En août 2003, lors de la canicule exceptionnelle qui a touché la France, 15 décès probables par coup de chaleur ont pu être dénombrés en milieu professionnel, pour le régime général de la Sécurité sociale, principalement dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.

En effet, la chaleur augmente fortement les risques d’accidents en induisant une baisse de la vigilance et une augmentation des temps de réaction. La transpiration rend les mains glissantes ou gêne la vue. Il devient alors plus difficile d’effectuer une tâche demandant de la précision et plus risqué de réaliser celle nécessitant un effort physique important.

> Vigilance impérative dès que la température atteint 30° !

S’il n’existe pas de définition réglementaire du travail à la chaleur, au-delà de 30°C pour une activité sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur constitue un risque évident pour les salariés.

> 3 litres par jour à chaque salarié

Chacun élimine comme il peut, il faut savoir cependant qu’en général, chacun de nous évacue, chaque jour, environ : 1,5 litre d’urine, 0,5 litre de sueur, 0,5 litre par les poumons (sous forme de vapeurs) et par les intestins.

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Sur le chantier, le patron doit fournir un point d’eau.

Cette importante élimination de liquide doit impérativement être compensée par des apports équivalents pour que le corps humain (composé à 70% d’eau) puisse continuer à fonctionner. Une perte de poids corporel de 2% liée à la déshydratation fait, tout de suite, chuter les performances (mémoire, attention, etc.).

En cas de fortes chaleurs la déshydratation est le premier risque contre lequel il faut lutter. Elle se manifeste sous différentes formes telles que la sensation de soif intense, de la sécheresse de la peau et des muqueuses et de sensation de fatigue.

> Les réactions physiologiques

Lorsque la température ambiante augmente, la température corporelle a tendance à augmenter et l’’organisme réagit pour maintenir cette température constante en augmentant le débit sanguin et les déperditions calorifiques par la sudation.

En règle générale, les personnes plus âgées, obèses, sous traitements médicamenteux, sans oublier les consommateurs de boissons alcoolisées, sont plus à risque. La chaleur peut également agir comme révélateur ou facteur aggravant de pathologies préexistantes, essentiellement cardiorespiratoire, rénale, endocrinienne (diabète…). Outre la prise de conseils auprès de leur médecin traitant, les travailleurs présentant ces facteurs de risque peuvent bénéficier d’une visite à leur demande auprès du médecin du travail (article R. 4624-17 du Code du travail). En cas de besoin, un aménagement du poste de travail sera proposé.

> Veiller à la santé des collègues

La vigilance de tous doit être mobilisée pour porter secours au salarié victime d’un coup de chaleur. En voici les symptômes :

  • Niveau 1 : L’œdème de chaleur,

C’est un gonflement par de l’eau des tissus, éventuellement associé à une apparition de minuscules points rouges à la surface de la peau accompagnés de picotements.

  • Niveau 2 : Les crampes et la syncope de chaleur,

Se manifestent par douleurs musculaires aiguës (jambes et abdomen), et des sensations de vertige et une perte de conscience soudaine et brève, survenant généralement après une longue période d’immobilité ou lors de l’arrêt d’un travail physique dur et prolongé.

  • Niveau 3 : L’épuisement,

Dû à la chaleur peut avoir de nombreux symptômes : sudation abondante, froideur et pâleur de la peau, sensation de faiblesse, d’étourdissement ou de soif intense, troubles de la vue, nausées, maux de tête, vomissements, pouls faible diarrhées, crampes musculaires, difficultés respiratoires, palpitations, picotements et sensations d’engourdissements dans les mains et les pieds. Il est lié à une perte des tissus en eau et en sels minéraux consécutive à une sudation exagérée.

  • Niveau 4 : Le coup de chaleur,

C’est un des troubles les plus graves, imputable à un travail prolongé en ambiance chaude. Le coup de chaleur se manifeste par une température corporelle souvent supérieure à 40,6 °C, peau sèche et chaude, pouls rapide et fort, respiration accélérée, maux de tête, nausées, vomissements, peau sèche, rouge et chaude, absence de transpiration, confusion, comportement étrange, délire, voire convulsions, pupilles dilatées, et possiblement à une perte de conscience partielle ou totale.

Son traitement impose une intervention et des soins médicaux immédiats pour préserver les organes tels le cerveau, les reins et le cœur de dégâts irréversibles, voire le décès (15 à 25 % des cas) par défaillance de la thermorégulation.

> Renforcer le collectif de travail

Dès que ces signes d’alerte sont détectés chez un travailleur exposé à la chaleur, il faut agir rapidement. Le premier réflexe doit être d’alerter les secours extérieurs : Samu (15) ou pompiers (18). Puis Amener la victime (si elle peut être déplacée) dans un endroit frais et bien aéré, la déshabiller ou desserrer ses vêtements, lui appliquer de l’eau froide, et si est consciente, lui faire boire de l’eau fraîche. Si la victime est inconsciente mais respire, la mettre en position latérale de sécurité, en attendant les secours.

La solidarité de classe qui veut que l’on prenne collectivement soin de notre santé, doit permettre d’intervenir auprès de camarades qui par leur attitude au travail ou dans leurs consommations (nourriture, boissons, ou addictions diverses) se mettent en danger eux-mêmes mais aussi parfois le collectif de travail.

Une meilleure hygiène de vie pour chacun, ne peut que renforcer la force et la cohésion du groupe.

  • Inviter des collègues à s’hydrater, ce peut être aussi suggérer de remplacer l’alcool, les sodas par de l’eau,
  • partager la pause de midi peut donner lieu à la prise de repas collectifs plus légers,
  • revendiquer des pauses plus fréquentes pour partager des fruits secs …
  • Rester attentifs aux camarades qui dans le respect de leur religion s’imposent des journées de jeune.

Pour éviter les accidents, les travailleurs doivent bien évidemment aussi agir pour que l’employeur respecte ses obligations de sécurité.

> Obligations patronales

En effet, au regard des articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du code du travail, les employeurs doivent prendre les mesures nécessaires visant à assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs qu’ils emploient.

> Prévoir les risques et les anticiper

L’employeur doit évaluer puis consigner dans le document unique le risque « fortes chaleurs » lié aux ambiances thermiques, et bâtir un plan d’action de prévention.

Les salariés revenant d’un congé de maladie, les intérimaires ou les nouveaux embauchés doivent faire l’objet d’une vigilance particulière.

En effet, sous l’effet d’expositions répétées ou prolongées, l’organisme acquiert une meilleure tolérance à la chaleur : c’est le phénomène d’acclimatation ou acclimatement. Le phénomène de transpiration devient plus efficace, les risques de déshydratation diminuent, le coût cardiovasculaire baisse… L’acclimatement, qui réduit les risques liés à la chaleur, est généralement obtenu en 8 à 12 jours.

Toutefois, il n’est que transitoire puisqu’il s’atténue puis disparaît totalement 8 jours après l’arrêt de l’exposition à la chaleur. L’expérience est souvent trompeuse, et fait croire à certains salariés que leur ancienneté dans la profession leur garantie un retour dans des emplois de force sans conséquences. Ce dont il faut se méfier.

> Informer les salariés

L’employeur doit informer, quand il existe, le Comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) des mesures à mettre en œuvre en cas d’épisode de canicule.

L’employeur doit aviser les salariés des risques, des moyens de prévention et des mesures de premiers secours. Mais également les inciter à se surveiller mutuellement afin de déceler rapidement les signes du coup de chaleur.

> Organiser les chantiers en conséquence :
  • Vérifier, chaque jour, les conditions météorologiques afin d’évaluer le risque.
  • Aménager les postes de travail extérieurs avec des zones d’ombre ou des aires climatisées. Et en cas de conditions climatiques potentiellement dangereuses (orage par exemple), un abri ou des aménagements du chantier doivent permettre aux salariés de se mettre en sécurité.
  • Afficher dans un endroit accessible à tous les salariés le document établi par le médecin du travail.
  • Prévoir des sources d’eau potable fraîche à proximité des postes de travail en quantité et en qualité suffisante.
  • Réduire des cadences
  • Augmenter les pauses en périodicité et durée.
  • Organiser les taches permettant au salarié d’adapter son rythme de travail selon sa tolérance à la chaleur.
  • Limiter l’isolement des travailleurs.
  • Multiplier les aides mécaniques à la manutention.
  • Commencer la journée plus tôt, supprimer les équipes d’après-midi, pour limiter la durée d’exposition aux heures les plus chaudes.

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On bosse pas à poil même quand il fait chaud ! Réduire la cadence reste le plus efficace.

> Travail en intérieur

L’employeur doit veiller au renouvellement de l’air pour éviter les élévations exagérées de température.

Dans les locaux à pollution non spécifique, l’aération doit être assurée par ventilation mécanique ou par ventilation naturelle permanente.

L’évacuation des locaux s’impose si la température intérieure atteint ou dépasse 34° en cas de défaut prolongé du renouvellement de l’air (recommandation CNAM R.226).

> Fourniture de protections spécifiques contre les rayons UV

L’employeur doit fournir des tenues de chantier claires, couvrantes (pantalons et manches longues) et permettant l’évaporation de la sueur, constitués avec des matières traitées anti-UV et adaptées à la chaleur, mais aussi des casques à bords larges pour protéger le visage et le cou, et de solides lunettes avec des filtres UV pour ménager les yeux.


Si le patron se montre récalcitrant, ne pas hésiter à le faire suer à son tour
  • Alerter le CHSCT, s’il existe dans l’entreprise, ou le Délégué du Personnel.
  • Saisir l’inspection du travail, au titre de l’article R4225-1 du code du travail, pour défaut de prévention.
  • Exercer son droit de retrait
  • Dans tous les cas, prendre conseil auprès du syndicat.

Intervention du 1er mai 2017

Intervention du 1er mai 2017

Avant le second tour de l’élection présidentielle entre Macron et Le Pen…

> Communiqué du syndicat CNT Construction de la Gironde

Notre organisation syndicale, la CNT, puise ses racines dans la résistance au franquisme espagnol. À ce titre, elle a une idée très précise de ce que constitue l’engagement antifasciste. Nous sommes d’ores et déjà convaincu-e-s que si le Front National venait à être élu, notre syndicat figurerait parmi les cibles privilégiées de ce nouveau gouvernement.

Macron, rempart contre l’extrême droite?

Mais nous sommes également convaincu-e-s que jamais un candidat capitaliste ne pourra être un rempart à un parti d’extrême droite. Nous irons même plus loin en affirmant qu’il est illusoire de vouloir détruire le fascisme sans abolir le capitalisme.

Ce système économique met en concurrence les travailleurs/euses du monde entier, générant ainsi des inégalités basées sur des schémas de dominations : racisme, sexisme, xénophobie, homophobie… La montée des théories d’extrême droite est liée à la misère et à la violence que génère la société dans laquelle nous vivons.

Tout est prêt pour que l’élection d’Emmanuel Macron soit une forme de soulagement. Ce serait une duperie de plus. Ce serait reculer pour mieux sauter. Quelle que soit l’issue du second tour, nous avons déjà une certitude : les travailleurs/euses (avec ou sans emploi, avec ou sans papiers) seront la cible des attaques du prochain gouvernement.

Ce qui nous inquiète le plus, ce n’est pas tant le score du front national que le fait que les théories et les propos réactionnaires gangrènent notre société. Nous combattons ceux/celles qui théorisent, alimentent et répandant cette idéologie, bien au-delà de ce seul parti.

Sur les chantiers…

Beaucoup de nos collègues de chantiers sont perclus de propos racistes. C’est le fruit de gouvernements qui ont dragué leur électorat quitte à tout lui promettre pour ensuite ne créer que du désespoir et de la désillusion. C’est le fruit de l’utilisation de la menace terroriste pour justifier la guerre et la fermeture des frontières.

James Baldwin, écrivain afro-américain, disait à propos de la ségrégation raciale :

« Je suis terrifié par cette apathie morale, cette mort émotionnelle qui se produit dans mon pays. Ces gens se leurrent depuis si longtemps qu’ils ne me considèrent pas comme humain ».

Nous, travailleurs/euses du BTP, faisons vivre notre syndicat comme un espace pour y développer la solidarité de classe, et on peut vous assurer que cette démarche est à l’antipode de l’Unité nationale. Parce qu’il n’est nul besoin d’être français-e pour être solidaire et parce que nous ne perdons pas de vue que nous combattons ceux/celles qui nous oppriment, fussent-ils/elles français-e-s.

La CNT Gironde se revendique d’un syndicalisme révolutionnaire et défend un projet de société libertaire, sans classes et sans frontières. C’est pourquoi les capitalistes, comme les fascistes, nous qualifient de violent-e-s terroristes et nous combattent avec hargne.

Nous ne sommes que des individus convaincu-e-s qu’il faut en finir avec les pansements sur des jambes de bois. Car si nous espérons vivre mieux durablement, il faut envisager de changer radicalement notre société. Nos propositions ne sont ni dépassées, ni poussiéreuses, elles sont ambitieuses et pleines d’espoir.

Nous pensons aujourd’hui qu’il est urgent de préparer la riposte sociale. Cela nécessite que nous soyons organisé-e-s, plus nombreux-ses et déterminé-e-s.

Face au au fascisme, comme au capitalisme, la solidarité est notre arme.


À l’occasion de la contre-soirée du débat du 2nd tour, le collectif Pavé Brûlant avait invité notre syndicat à lire cette intervention :

Quelques images de la manifestation bordelaise du 1er mai


Pour aller plus loin:

Un site méchamment antifasciste : La Horde


L’agence Intérim Happy Job condamnée !

> Communiqué

Après un peu plus d’un an de procédures, notre syndicat du Bâtiment et des Travaux Publics de la Gironde a obtenu satisfaction devant le tribunal des Prud’hommes de Bordeaux qui a requalifié un contrat à temps partiel en contrat à temps plein.

Arrêt de la cour de cassation sociale (21 mars 2012, n° 10-23.650) : « Attendu, que selon l’article L. 3123-14 du code du travail, le contrat écrit du salarié à temps partiel doit mentionner […] la répartition de la durée du travail entre les jours de la semaine ou les semaines du mois ; [..] l’absence d’écrit mentionnant la durée du travail et sa répartition fait présumer que l’emploi est à temps complet […]. »

Dans le cas que nous défendions, le salarié intérimaire ne savait pas quel jour il allait travailler, combien d’heures il allait effectuer dans la semaine, à quelle heure il allait embaucher ou débaucher, etc. Il était à la disposition permanente de son employeur. Impossible alors de chercher un autre contrat à temps partiel, d’organiser sa vie personnelle, son temps libre, ses loisirs, de savoir combien il allait gagner à la fin du contrat, …

Lorsque le salarié s’est rebiffé, l’agence Happy Job lui a répondu de se tenir à carreau et de cesser de « revendiquer ». Il ne faisait que demander l’application de ses droits.

Notre syndicat a donc pris le relais et s’est rendu à cette agence dans l’idée de trouver un accord. Autant vous dire que l’accueil n’a pas été très « happy ». Ils ont tenté de nous dissuader, c’était mal nous connaître.

En plus d’avoir obtenu la condamnation de cette agence d’intérim, nous avons bien l’intention de faire savoir qu’Happy Job Bordeaux, comme un certain nombre d’autres agences d’Intérim, ne respecte pas les droits des intérimaires.

Une pratique trop courante.

Cette histoire n’a rien d’exceptionnel. Nous pourrions même vous étonner en disant que nous n’avons rien « gagné » puisque le salarié intérimaire n’a fait que récupérer ce à quoi il avait droit. Par contre, cela montre une nouvelle fois que, si on ne se défend pas et si on ne s’organise pas, on est un peu plus volé-e-s, un peu plus humilié-e-s, un peu plus corvéables à merci.

Même si vous êtes un-e travailleur/euse précaire ou intérimaire, vous avez des droits. Pour les conserver, il faut les défendre. Et pour les défendre, mieux vaut ne pas être seul-e.

Traductions : 

  • « Happy »  : Heureux, content.
  • « Union » : Syndicat


Pour aller plus loin:

Un article du site Juritravail sur la possibilité de requalification des contrats devant le conseil des prud’hommes.