« C’est pas facile d’ouvrir sa gueule quand on est en bas de l’échelle »

« C’est pas facile d’ouvrir sa gueule quand on est en bas de l’échelle »

Voici la suite d’un témoignage d’un jeune apprenti dans le Bâtiment qui a vécu un accident du travail sur un chantier en Gironde.

La première partie a été publiée en 2020, vous pouvez la lire en suivant ce lien.

> Interview de Sami – 20/05/2020- deuxième partie

Comment le CFA a-t-il réagi ?

Ce qui est incroyable, c’est que le matin-même de l’accident, ma mère a appelé le CFA, pour leur dire que je travaillais dans des conditions dangereuses ! Elle a eu au bout du fil le gars qui s’occupe des relations avec les apprentis. Ma mère m’a dit que le gars ne s’est pas trop inquiété, il a répondu que je pouvais utiliser mon droit de retrait de toute façon. Le lendemain j’ai prévenu le CFA de mon accident, et le gars a appris ça, donc il m’a appelé, paniqué ! En fait, le CFA est autant responsable que l’employeur. Et je pense que le gars savait qu’il pouvait être mis en cause. Donc j’ai été le voir pour qu’il me trouve une autre boîte dans laquelle travailler. Mais il n’a pas trouvé. Un an avant, un jeune du CFA, un charpentier, est décédé en tombant d’un toit, ce n’est pas rassurant.

En as-tu parlé avec la direction de ta boite ?

Juste après l’accident le conducteur de travaux a été informé, puis le soir, j’ai laissé un message vocal à mon patron en lui disant que je me rendrais chez médecin le lendemain. Il m’a rappelé, mais je n’ai pas répondu, je n’avais pas envie de m’entretenir avec lui, je ne voulais plus de contacts avec cette boîte. Ça m’a dégoutté, j’ai failli mourir à cause de lui ! Lui, il fait son fric, moi, j’ai failli mourir pour son intérêt ! Je n’avais vraiment aucune envie de retourner travailler dans cette boîte, encore moins si je risque ma vie. A ce moment-là, j’étais en colère, je leur en voulais !

Comment ça se passe dans ta nouvelle boîte ?

Ça n’a rien à voir, ça se passe bien. Je n’ai pas encore travaillé sur un chantier mais j’ai envie d’y retourner pour en connaître la réalité, aussi pour rencontrer les collègues qui y travaillent. Pour le moment, j’ai fais un mois dans les bureaux. Je leur ai dit que j’étais tombé il y a peu et que mon ancienne boîte ne me plaisait pas. Et ce que j’ai entendu, c’est que la sécurité est carrée avec eux. Il y a une personne, c’est son boulot de passer sur les chantiers pour vérifier si la sécurité est respectée. Ca devrait être une base partout… On sait que c’est pas facile d’ouvrir sa gueule quand on est en bas de l’échelle, quand on est salarié, ouvrier. Je trouve qu’il y a une cassure entre les gens des chantiers et ceux des bureaux, les deux se méprisent, ne communiquent jamais. C’est deux mondes différents et c’est compliqué qu’ils marchent bien ensemble. Alors je me suis dit que si je travaillais un peu dans les bureaux et un peu sur les chantiers, ça fonctionnera mieux.

On sait que c’est pas facile d’ouvrir sa gueule quand on est en bas de l’échelle…

As-tu déjà entendu parler de syndicalisme ?

Oui, ma mère est à fond là-dedans. Mais moi je n’aime pas me prendre la tête. Pour mon accident, j’aurais pu faire un procès mais je n’en ai pas envie. Je suis conscient que ça peut arriver demain à quelqu’un d’autre malheureusement et que je devrais le faire pour éviter ça. Mais finalement tout le monde devrait le faire. Moi je ne suis pas prêt à faire ça, à y consacrer de l’énergie, sans être sûr du résultat.



As-tu eu la possibilité de contacter un syndicat dans ta boîte ?

Moi je ne connaissais pas vraiment avant, c’est ma mère qui m’a expliqué qu’est-ce qu’était un syndicat. Pour moi quand on me parle de syndicat je vois la CGT. Mais sans savoir ce que c’était pour autant. Et puis je n’ai pas envie de me battre pour les Autres, mais je trouve que la démarche est bien sinon.

Qu’as-tu pensé des rapports entre hommes/femmes au travail ?

Je n’ai pas vu de femmes sur le chantier. Il n’y a qu’une seule fille au CFA dans ma classe, elle est en menuiserie.

L’ambiance entre les gars te plaît ?

C’est lourd, je préférerais qu’il y ait des filles. Au CFA c’est 95 % de gars. On se retrouve donc qu’entre mecs. Souvent on entend que c’est pas une branche faite pour les femmes car c’est physique mais elles aussi peuvent le faire, mais elles sont exclues. On associe et réduit le bâtiment à des « bourrins » mais c’est aussi un métier très précis. Dans la tête des gens c’est tellement un métier d’hommes que les femmes n’ont pas envie d’y venir travailler, et je peux comprendre que ça donne pas envie !
Finalement, je pense que les femmes ne veulent même pas s’approcher tellement c’est rempli de mecs !


Chantier dangereux à Bordeaux (sans garde-corps temporaire)

Brochure du syndicat

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La sécurité, c’est pas pour faire chier les salarié·e·s …

> Billet d’humeur

En tant qu’ouvrier·ère·s du bâtiment on est habitué·e·s à entendre nos collègues dire que les sécurités « c’est chiant » ou que « ça ne sert à rien ».

Beaucoup d’ouvriers du BTP sont imprégnés par une culture viriliste et pense que le danger fait partie du métier. Que seuls les peureux demandent à travailler en toute sécurité…

Bien que nous désapprouvions ces comportements, nous mettons en garde celles et ceux qui seraient tentés de se tromper de cible.


« La sécurité d’abord » – Illustration de Clay Bennett.

Un problème de formation.

Pourquoi les ouvrier·ère·s de la construction ne sont pas sensibilisé·e·s aux risques du métier au même titre que les automobilistes sont sensibilisé·e·s aux risques de la route?

Si on leur montrait des photos de collègues après une chute de plusieurs mètres, après avoir pris un bloc de béton sur la caboche, après avoir été empalé par une pelleteuse…

Si ils·elles avaient conscience qu’à tout moment il·elle·s risquent de ne pas rentrer à la maison le soir, après leur journée de taf, il·elle·s seraient plus prompts à exiger les équipements de sécurité.

Les patron·ne·s ne fournissent pas non plus les formations suffisantes en matière de sécurité, tout particulièrement dans les petites ou moyennes boîtes. Les organismes de formation (lycée, CFA, …) portent aussi une lourde responsabilité en ne sensibilisant pas suffisamment leurs apprentis sur ces questions.

C’est pour cela que nous médiatisons les accidents du travail dans le secteur de la construction.

En Gironde, de juillet à octobre 2018, nous avons comptabilisé au moins 5 morts, dont un jeune apprenti charpentier décédé suite à une chute de plusieurs mètres.


Les conditions de travail.

Les cadences excessives et la course au profit ne laissent pas le temps aux ouvrier·ère·s de travailler de façon sécure. C’est pourquoi nous appelons systématiquement l’inspection du travail pour signaler des des manquements en matière de sécurité. Notamment en charpente, car la moindre erreur peut être fatale.

Notre syndicat intervient dès qu’il le peut. En clair, si les patron·ne·s ne respectent pas la législation, nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour les y contraindre.


Les patron·ne·s rechignent à sécuriser les chantiers parce qu’il·elle·s considèrent que c’est une perte de temps et d’argent. Autrement dit, il·elle·s considèrent que ça coûte moins cher de remplacer les ouvrier·ère·s, quand il·elle·s sont mort·e·s ou « cassé·e·s », que de sécuriser un chantier.

Donc, ne leur faites pas confiance pour savoir comment prendre soin de vos vies !

Le 10 novembre 2021, SUB-TP-BAM 33


> Exemple d’un chantier de rénovation d’une toiture.

Avant le signalement à l’inspection du travail :
Après le signalement :


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Steven Jaubert, mort au travail.

Après une chute sur un chantier situé à Bordeaux, Steven Jaubert est mort le 24 septembre 2020 à l’âge de 27 ans. Un de nos camarades de syndicat a travaillé avec Steven dans l’entreprise « Couverture Laurencin » située à St Selve (Gironde). Entreprise qui, elle aussi, met en danger ses ouvriers.

Après une chute sur un chantier situé à Bordeaux, Steven Jaubert est mort le 24 septembre 2020 à l’hôpital.

(©Sarah Jaubert)

Les accidents du travail se succèdent sur les chantiers, les ouvri-er-ère-s décèdent à la chaîne.
Sans scrupule, les patron-ne-s continuent de nous faire travailler dans des conditions périlleuses et ne sont pas ou peu inquiété-e-s par les tribunaux de notre société capitaliste.

Cet accident mortel est l’un parmi de trop nombreux autres.
Brisons le silence face à la mort des travaill-eur-euse-s.

Les comportements irresponsables et funestes des employ-eur-euse-s ne doivent pas être invisibilisés. La sécurité sur les chantiers est une bataille quotidienne face aux patron-ne-s.

Nous voulons travailler en sécurité!
Nous voulons rentrer sain-e-s et sau-f-ve-s après notre journée de labeur!
1 accident mortel tous les deux jours. ça suffit!

L’appel de la CGT Construction: « L’URCBA NA organise une  marche avec la famille et les amis de Steven le 19 novembre 14 heures  jusqu’au devant l’entreprise afin que chacun déposent leurs mots devant celle-ci. Départ à la Poste (Avenue du Maréchal Foch à Villenave d’Ornon).

Ceci en hommage à Steven mais aussi pour rappeler que l’on ne joue pas avec la vie des  salariés  pour faire du fric. Des bougies seront allumées devant le lieu de l’accident le même jour à  13 heures .(326 cours  de la somme à Bordeaux) »

Un article du Média à propos du décès de Steven : https://www.lemediatv.fr/emissions/2020/steven-27-ans-couvreur-mort-au-travail-O3it0hylQBykFCFLwUjytQ


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Relancer la construction de crématoriums ?

> Communiqué de la CNT Construction 33

Samedi 21 mars 2020, des membres du gouvernement et des représentants de syndicats patronaux du BTP se sont réunis afin de relancer l’économie de ce secteur malgré la crise sanitaire actuelle et le confinement, liés à l’épidémie de la Covid-19. Depuis ce matin (lundi 23 mars) nous apprenons que de nombreux chantiers sont en train de reprendre leur activité.

Évidemment ces dirigeants, qui ne mettront jamais un pied sur les chantiers, annoncent  que des mesures de protection seront prises pour éviter tout risque de contamination. Nous ne sommes pas dupes et savons que cela va provoquer de nouveaux malades voire des mort-es. De plus, le matériel de protection (qui est si rare) doit servir au personnel soignant qui tente de sauver les vies que nos dirigeants contribuent à mettre en péril.

En temps normal, les ouvrier-e-s du BTP se blessent et meurent tous les jours sur les chantiers du fait de conditions de travail déplorables. Alors aujourd’hui, encore plus qu’hier, nous ne faisons pas confiance au gouvernement et au patronat pour nous garantir le « travail en toute sécurité ». Qui plus est, si l’un-e d’entre nous venait à se blesser, comment se faire soigner dans des services hospitaliers saturés?

Illustration de Faujour

On est tous dans le même bateau?

Dans sa propagande quotidienne, le patronat clame haut et fort qu’il supporte « tous les risques ». La situation actuelle illustre une nouvelle fois que ce sont bien les travailleur-se-s qui doivent en fait les assumer.

Alors vous, les ministres et les patrons, qui décidaient pour nous ce qui est dangereux ou non et comment faire notre métier, dites-nous comment nous rendre sur les chantiers à plusieurs dans le même camion, installer une chaudière, refaire une charpente, monter une cloison en placo à 2, manger à 8 dans un cabanon de 6m2, tout ça en respectant le plus simple des gestes barrière c’est-à-dire en étant à 1m de distance ? Comment pouvez-vous exiger que nous retournions au travail alors que tout le corps médical demande de rester chez soi ?

Nous y voyons uniquement du mépris et de l’indifférence quant aux conséquences sur la santé des ouvrier-e-s. Il est irresponsable de multiplier les risques que l’épidémie se développe encore plus vite et à plus grande échelle. Avec cette stratégie c’est bientôt la construction de crématoriums qu’il va falloir relancer !

En réalité, vous ne voyez qu’une chose, vos intérêts de classe, et exigez une fois de plus que nous nous sacrifions pour vos profits.

La CNT Construction de Gironde exige le confinement total et le paiement intégral des salaires ! BASTA !


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« Je me suis dit : là ça y est, je vais mourir ! »

Voici le témoignage d’un jeune apprenti dans le Bâtiment qui a vécu un accident du travail sur un chantier en Gironde.

> Interview de Sami-20/05/2020

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Sami F., j’ai 22 ans et je suis en apprentissage BTS enveloppe du bâtiment depuis septembre 2019. J’alterne 3 semaines au CFA de Blanquefort et 3 semaines en entreprise chez Solrenov’.

Pourquoi as-tu choisi le bâtiment ?

J’ai eu mon bac à 18 ans, je n’avais pas un super dossier et n’ai pas été accepté en BTS. J’ai donc été à la fac mais j’ai vite arrêté. J’ai commencé à faire des petits boulots, ça m’a vite saoulé d’être mal payé et de faire des tâches pas intéressantes. J’avais envie alors de reprendre les études.

A l’école j’étais doué, et là je me rendais compte que je gâchais un truc. Je voyais des potes plus âgés qui faisaient ce genre de boulot, qui n’avaient pas vraiment le choix. Et moi j’avais le choix d’être là ou pas. Ils m’ont poussé un peu à partir.

Dans mon dernier boulot j’étais en intérim au chantier naval de Bordeaux et mon chef m’a fait faire des tâches plus intéressantes, m’a donné des responsabilités et je kiffais ça. J’avais oublié ce que c’était de faire un truc intéressant. J’ai donc décidé de chercher un contrat d’apprentissage dans le bâtiment, car il y a du boulot. Moi j’aimais bien gérer les choses, mais pas forcément donner des ordres… je me suis dit qu’être Chef de chantier ou Conduc’ de travaux pouvait me plaire. Je cherchais LE truc parfait mais je ne me lançais pas, j’avais peur de me tromper. Mais il me fallait un boulot donc je me suis lancé, quitte à devoir changer dans 10 ans.

Comment as-tu vécu tes premiers mois d’ apprentissage sur le chantier ?

Dès le début j’ai senti que c’était foireux. Le premier jour d’embauche personne ne savait qui j’étais et je ne connaissais personne, pourtant je m’étais entretenu avec l’entreprise quelques mois avant. Je pensais qu’à mon arrivée on me présenterait les salariés, les équipes…On ne m’a pas fourni d’habits de travail ni d’équipement de protection et finalement un ouvrier se renseigne et je pars travailler avec lui. Heureusement on s’est bien entendus.

Donc sur le chantier ça se passait plutôt bien ?

Oui, lorsque j’ai rencontré le patron pour la première fois, au bout de 3 minutes d’entretien il m’a dit : « c’est bon je te prends ». Moi j’y croyais pas, je galérais depuis des mois à trouver un patron, j’étais content, j’ai sauté sur l’occasion ! On a convenu d’un an de chantier et d’un an de bureau.

Ensuite, on intervenait sur de petits chantiers suite à des sinistres, la sécurité était limitée. Ils duraient un jour, voire une semaine mais pas plus. Ca ne me plaisait pas, mais comme je voulais mon diplôme j’étais prêt à bosser sur le chantier, j’étais conscient qu’il fallait en passer par là.

Connais tu tes droits en matière de sécurité ?

Un peu, je ne voyais pas forcément l’importance de me protéger, jusqu’à ce que quelque chose de lourd tombe sur mon pied et heureusement, j’avais mes chaussures de sécurité. C’est comme ça que j’ai découvert la sécurité. Sur les chantiers je savais que c’était dangereux, beaucoup de décès. On ma prêté une fois des lunettes de protection lorsque j’ai utilisé le marteau-piqueur, mais pas de casque antibruit.

Je me souviens du premier chantier où j’ai eu peur, on posait des panneaux sandwich à dix/quinze mètres de haut à l’aide d’une nacelle, on nous a fait enlever les filets de sécurité avant d’intervenir, à cette hauteur je n’étais pas serein, j’ai commencé à flipper car il suffisait d’un faux pas pour passer au travers. D’ailleurs, le conduc’ a failli tomber, je me suis dit « là c’est chaud », j’ai décidé d’en parler à mes parents et au CFA.



Le CFA a réagi comment ? Ont-ils remonté l’info ?

Les profs m’ont dit de faire attention mais ils n’ont pas fait remonter l’info. Je ne voulais pas trop en parler de peur de passer pour une « victime qui se plaint du travail trop dur »… Mais il y avait un prof, ancien conduc’ chez Bouygues, qui m’a dit d’en parler à mes supérieurs, que c’était à moi de le faire.

As-tu déjà entendu parler de ton droit de retrait ?

Oui bien-sûr mais c’est dur de l’utiliser, je suis nouveau, je dois me faire bien voir, je ne peux pas rester toute la journée dans le camion à rien faire. Un jour j’ai demandé à rester en bas pour découper des panneaux de toiture car on n’avait ni harnais ni filets pour démonter la couverture et le grand vide me faisait vraiment peur.

As tu parlé à ton collègue de tout ça ?

Oui et mon collègue a fait remarquer les problèmes sur la sécurité dans la boîte, mais ça n’a rien changé. J’avais conscience que c’était compliqué pour lui car il était nouveau tout comme moi et espérait une promotion. On prenait des risques, lui avait des enfants en plus. Le pire c’est qu’il n’était même pas couvreur de formation. L’entreprise nous a envoyé en formation sécurité au CFA, la seule qu’on a eue, mais cela n’a jamais été appliqué sur le chantier. J’ai eu l’impression que l’entreprise voulait surtout se protéger en cas d’accident en faisant ça.

As-tu déjà vécu des accidents du travail ?

Oui, l’accident était sur une toiture à Biscarosse, la charpente avait brûlé. On posait des bacs acier pour mettre hors d’eau la maison. On travaillait à environ 10mètres de haut sans harnais, sans filets, ni de gardes-corps. Je suis tombé un matin, je faisais moins attention qu’au début car j’avais un peu plus confiance en moi. Le conduc’ nous faisait comprendre qu’il fallait terminer vite, il nous a dit d’êtres vigilants pour ne pas marcher sur les pointes qui ressortaient des bois au sol… C’était ça pour lui le plus important pour la sécurité ! Ce jour-là, j’étais au faîtage (endroit le plus haut sur la toiture) et je coupais des cales en bois à la tronçonneuse. C’était la fin du chantier, je marchais sur les bacs acier qui étaient déjà posés. Là, je trébuche et me retrouve sur les fesses et je glisse comme sur un toboggan. J’arrive au milieu du toit, j’ai pris de la vitesse, je me rends compte que je n’ai rien pour me rattraper, je me rapproche du vide, tout va très vite, je sais qu’il y a des petits balcons en dessous mais je n’y pense pas sur le moment. Donc je me rapproche du vide, je me suis dit

là ça y est je vais mourir, vraiment.

J’étais d’accord avec le fait que j’allais sûrement mourir. Je ne me vois pas tomber, mais mon pied tape la rambarde du balcon et j’atterris à l’intérieur de celui-ci. Et là je me suis dit « putain je suis sur le balcon » !!!

Mon collègue arrive, lui aussi a eu peur, me demande si je veux aller a l’hôpital, il insiste, je lui dit que ça va mais je passe le reste de la journée dans le camion, sous le choc, pendant que les autres continuent de travailler.

J’ai appris plus tard qu’il est obligatoire d’appeler une ambulance car il peut y avoir des dégâts que tu ne vois pas. Le lendemain je suis allé chez le médecin car j’avais des douleurs aux genoux, au dos, et était en état de choc. Déjà que je n’aimais pas cette boîte, je me suis dit « il faut que je parte de là ». Parfois on se dit que ça n’arrive qu’aux Autres parce qu’ils ne font pas gaffe etc.. mais là ça m’est arrivé à MOI et j’ai vraiment été chanceux ! Si je reste là c’est possible que je retombe, y’a de vrais risques.

J’ai été arrêté deux semaines… pour finalement ne jamais reprendre.



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Ils comptent leurs profits, on compte nos pertes.

Ils comptent leurs profits, on compte nos pertes.

> Billet d’humeur du 27 novembre 2018

À Bordeaux et dans sa métropole, les immeubles et les nouveaux projets urbains poussent comme des champignons. Il n’y a qu’à voir le paysage truffé de grues pour se faire une idée de l’ampleur des travaux. Mais qu’en est-il pour les salarié-e-s de la construction ?

On meurt et on se blesse toujours autant dans le secteur du BTP ! En France, en 2017 on compte un-e mort-e tous les deux jours dans le secteur du BTP (sans comptabiliser les intérimaires1) ! En Gironde, la multiplication des chantiers dans des délais intenables provoque une augmentation des accidents du travail.

Notre syndicat n’a pas vocation à tenir une macabre rubrique nécrologique. Nous voulons simplement montrer que le secteur de la construction, qui rapporte beaucoup aux entreprises et investisseur-se-s, coûte cher en vies humaines pour la classe ouvrière.


Hugues Fourmentraux, président directeur général de Vinci Construction France

Virginie Calmels, présidente de l’EPA Bordeaux – Euratlantique et vice-présidente de Bordeaux Métropole

Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole.

© PERL


Au moins 6 accidents en Gironde.

Ces quatre derniers mois, la presse a évoqué quatre accidents mortels en Gironde.

  • Mercredi 25 juillet, à Saint-Vincent-de-Pertignas, un ouvrier âgé de 28 ans, perd la vie sur un chantier de voirie. Il a été écrasé par un rouleau compresseur. (source Sud-Ouest 25/07/2018)
  • Mardi 21 août, à Bordeaux centre, un autoentrepreneur de 45 ans, est tombé d’une dizaine de mètres, alors qu’il posait une menuiserie. L’ouverture de la fenêtre n’était pas munie de garde corps. (source Sud-Ouest 22/08/2018 ainsi que Ouest-France 23/08/2018)
  • Mardi 9 octobre, sur un des chantiers du projet Bordeaux « Euratlantique », un intérimaire a été écrasé par l’effondrement d’un plafond. Deux de ses collègues ont été blessés dans ce bâtiment en cours de démolition (source Sud-Ouest 10/10/2018).
  • Jeudi 8 novembre, un salarié d’une entreprise de construction de Bouliac, âgé de 38 ans, est décédé, écrasé par un stock de 3 tonnes de barres métalliques (source France 3 Nouvelle-Aquitaine 08/11/2018).

Ceci n’est que la partie visible de l’iceberg. Beaucoup d’accidents mortels ou graves ne sont pas relayés par la presse. Nous pouvons affirmer qu’au moins deux autres accidents ont eu lieu récemment en Gironde, dans le silence le plus total :

  • Vendredi 5 octobre, un jeune apprenti charpentier (scolarisé à Blanquefort) a trouvé la mort suite à une chute.
  • Lundi 8 octobre, un salarié âgé de 25 ans, travaillant pour la coopérative Art Bois (à Cestas), a été amputé d’une jambe après un accident lors d’une opération de manutention.

Perdre sa vie à la gagner?

S’il est toujours aussi dangereux de « gagner sa vie » au turbin, ce n’est pas parce que nous prenons des risques inutilement ou travaillons n’importe comment. Ce n’est pas non plus une fatalité liée « aux risques du métier » ! C’est parce que les employeurs se préoccupent peu de la sécurité. Ils font très souvent l’économie des moyens de protection, qu’ils considèrent comme une perte de temps et d’argent. À croire qu’il vaut mieux perdre un ouvrier !

Ce à quoi s’ajoute les mauvaises conditions de travail, le recours à l’intérim et à la sous-traitance qui sont des facteurs importants dans la multiplication des accidents du travail.

Riposte syndicale.

Notre syndicat tient à dénoncer les comportements de patron-ne-s qui cherchent par tous les moyens à dissimuler les accidents du travail. Certain-e-s n’hésitent pas à faire pression sur leurs ouvrier-ère-s pour qu’ils ne les déclarent pas, tantôt en recourant au chantage tantôt en les soudoyant avec de l’argent liquide.
L’un d’entre nous a même été témoin d’une situation ou un patron a équipé une salariée d’un harnais après qu’elle est tombée d’un toit et avant que les secours n’arrivent.

Le syndicat de la construction de la gironde (SUBTP33) mène depuis quelque temps une campagne de sensibilisation sur la sécurité et contre les accidents sur les chantiers. Cela consiste en :

  • Un soutien et une solidarité aux salarié-e-s qui nous sollicitent.
  • Des distributions, à l’embauche des chantiers, de tracts informant par exemple sur le droit de retrait.
  • Des signalements à l’inspection du travail de chantiers dangereux qui ont été fermés en attendant d’être mis aux normes.
  • Mise en lumière des chantiers où il y a eu des accidents mortels connus.

La responsabilité des employeurs, mais pas que…

N’oublions pas que pour le moment les patron-ne-s sont toujours responsables de la santé physique et mentale de leurs salarié-e-s. C’est à dire qu’il-elle-s doivent garantir notre sécurité lorsqu’il-elle-s nous font travailler (article L. 4121-1 du Code du travail). C’est actuellement encore une obligation de résultat. Cependant le 28 août dernier une députée (Charlotte Lecocq : La REM) a remis un rapport intitulé «Vers un système simplifié pour une prévention renforcée ». Rapport qui vise à réduire les obligations et les sanctions pour les patron-ne-s en matière de santé/ sécurité au travail.


De même il faut savoir que le maître d’œuvre, c’est à dire le client, a une responsabilité en ce qui concerne la sécurité des travailleur-euse-s de son chantier. Il doit notamment évaluer les risques et définir des mesures de prévention (article L. 4531-1 du Code du travail).

Méfions-nous donc des employeurs qui font pression (au niveau des tribunaux et de la législation) pour diminuer leur responsabilité sur ce sujet. Organisons-nous, syndiquons-nous pour faire respecter nos droits. Inversons le rapport de force pour ne plus perdre nos vies à essayer de la gagner !

Solidarité de classe !

SUB-TP-BAM33


1 Les accidents du travail des intérimaires (même si il-elle-s travaillent dans le secteur de la construction) sont comptabilisés dans le champ « activités de services » et non dans « l’industrie du Bâtiment et des Travaux Publics ». Cette subtilité statistique permet de masquer de nombreux accidents survenus dans le BTP.


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1 mort tous les deux jours

> Rassemblement

Mardi 7 novembre 2017 – 18h – Arrêt Achard, Tram B (Bordeaux Bacalan)

Suite à la mort d’un ouvrier sur un chantier de Bordeaux Bacalan, (cf. article) les syndicats CNT Construction 33, CGT Bordeaux Nord, CGT CARSAT Aquitaine, CGT Ford et CGT RSI Aquitaine appellent à un rassemblement pour dénoncer un état de fait.:

la classe ouvrière paye en vies humaines, pendant que les constructeurs comptent leurs profits en euros.

Ce nouvel accident montre une nouvelle fois que les constructions ne sont pas faites que de sueur mais aussi de sang.

Voici notre communiqué commun avec l’appel à rassemblement à proximité du chantier ou est décédé l’ouvrier :


Pour plus d’infos sur les accidents du travail, on vous conseille :


Face à une situation dangereuse sur un chantier / au travail.

Face à une situation dangereuse sur un chantier / au travail.

> Information – Conseils

Il faut tout d’abord noter que la sécurité, physique et mentale, au travail est une obligation de résultat de la part du patron (article L.4121-1 code du travail), c’est à dire qu’il est totalement responsable lorsqu’il y a un accident du travail ou maladie professionnelle.
Devant cette responsabilité l’employeur tentera de retourner la faute sur l’ouvri-er-ère. Il est donc impératif que l’employeur n’y arrive pas.
Il n’existe pas une seule et unique réaction à adopter mais pensons à avoir quelques réflexes.


Illustration de Sergio
Face à une situation dangereuse au travail :
  • En parler avec ses collègues, une réaction collective peut être plus efficace.
  • Récolter des preuves (photos, témoignages écrits le plus précis possible, noter les entreprises présentes…)
  • Un-e salarié-e à un droit de retrait face à une situations dangereuse au travail (articles L.4131-1 et suivant code du travail).
  • Alerter le ou la responsable de la sécurité sur le chantier.
  • Alerter l’Inspection du Travail (DIRECCTE Aquitaine : 05 56 99 96 12)
  • En faire part à un syndicat ouvrier.

Face à un accident du travail :

Un accident survenu au salarié-e, quelque soit son contrat, par le fait ou à l’occasion de son travail, quelle qu’en soit la cause, est considéré comme accident du travail (AT).

  • Exiger des secours immédiatement.
  • Prévenir ou faire prévenir son employeur dans les 24h.
  • Récolter des éléments pour reconstituer la scène de l’AT (noter l’heure, la date, les conditions, si possible prendre des photos sur le moment, écrire son point de vue de l’AT, relever les manquements de l’employeur…)
  • Consulter un médecin du travail ou son médecin traitant pour constater les blessures et séquelles de l’AT.
  • Exiger de l’employeur une déclaration officielle de l’AT. S’il refuse la déclaration peut être faite par le ou la salarié-e au près de la caisse d’assurance maladie.
  • Refuser un arrangement à « l’amiable » avec le patron.
  • Être solidaire avec le ou la collègue, ayant subit l’AT, est sur le moment et par la suite une aide précieuse et nécessaire.
  • Se faire assister par une aide extérieure (son entourage, conseill-er-ère-s du salarié-e, syndicats…)
  • Un-e salarié-e peut entamer une action en justice (prud’homme et/ ou pénal) contre l’employeur.

Pour plus d’infos sur les accidents du travail, on vous conseille :


On est tou-te-s dans le même bateau ?

> Billet d’humeur

Les patrons savent crier haut et fort qu’ils prennent (tous) les risques, que la réussite de l’entreprise est due à leur bonne gérance, que lorsqu’un chantier se passe bien c’est grâce à eux, qu’ils tiennent leur entreprise à bout de bras.

Faut-il leur rappeler que leurs salarié-e-s travaillent, produisent et donc génèrent les bénéfices ? Et parfois aussi, ils/elles en meurent. Ne serait-ce pas ça, le plus gros risque ?

La Mèche

Vendredi 07 Juillet 2017, suite à la chute d’un outil sur sa tête, un ouvrier décède sur le chantier des quais de la Dordogne (Libourne)1. Le lundi suivant, à Queyrac (Médoc), un maçon meurt enseveli sous des gravats après l’effondrement du mur sur lequel il travaillait.2

Le premier était intérimaire pour EOL Intérim, le deuxième n’avait que 21 ans. Nous sommes nous mêmes des travailleur-se-s du BTP et nous savons que la précarité et la jeunesse sont deux critères qui font de nous des salarié-e-s particulièrement exposé-e-s aux risques. Par manque de formation ou parce qu’on n’est pas en situation de pouvoir faire respecter nos droits.

Une fois l’accident survenu, il est trop tard.

Nous, membres du syndicat du BTP, souhaitons témoigner une nouvelle fois que nous sommes attristé-es par ces décès car ils sont irréparables. Mais nous refusons de nous résigner !


En France, en 2015, dans le seul secteur du BTP, 130 morts ont été recensés (soit un mort tous les 2 jours ouvrables). Nous savons que dans nos métiers, le risque zéro n’existe pas, mais nous savons aussi que nombre de ces morts pourraient être évitées.

Les conditions liées à l’exercice de nos métiers nous mettent en situation de danger. C’est pourquoi nous considérons que les patrons portent une lourde responsabilité dans ces drames.

Faujour

Évidemment, nous savons que des salarié-e-s refusent eux-mêmes certaines sécurités, comme si le danger devait faire partie du métier… Et il n’en faut pas plus pour que les employeurs osent rejeter la faute sur les salarié-e-s : « Je lui avait dit de faire attention… ».

Comme si, le patron, qui sait se faire obéir pour que les ouvriers arrivent à l’heure, qui sait se faire obéir lorsqu’il faut exécuter une tâche, qui sait se faire obéir lorsqu’il faut faire une heure sup, … Ne sait pas se faire obéir lorsqu’il demande de travailler en toute sécurité. En réalité, les employeurs considèrent que la sécurité coûte de l’argent et ralentit les cadences. Ils estiment que les formations sur ce sujet ne sont pas nécessaires.

Serait-ce trop demander que de pouvoir exercer nos métiers dans des conditions sécurisées et décentes ? D’ailleurs, à ce titre, nous rappelons qu’il existe encore un « droit de retrait » face aux situations de dangers.


Les patrons mettent des euros en face de la sécurité. Nous, chaque jour, nous mettons notre vie.

Accidents du travail : terrorisme patronal!


Pour plus d’infos sur les accidents du travail, on vous conseille :


Coup de chaleur sur les chantiers.

Coup de chaleur sur les chantiers.

> Information – Conseils

 En été, surtout en cas de fortes chaleurs, il faut savoir mesurer son effort, en stoppant les prétentions du patron à « faire suer le Burnous ».

Nos patrons, dont le cerveau a été remplacé par la calculette à profits, sont bien loin de se soucier de nos conditions de travail et bien peu attentifs à garantir notre santé.

Et pourtant c’est bien notre peau que l’on risque, à vouloir, dans le cadre de fortes chaleurs, continuer à répondre à leurs exigences de rentabilité.

En août 2003, lors de la canicule exceptionnelle qui a touché la France, 15 décès probables par coup de chaleur ont pu être dénombrés en milieu professionnel, pour le régime général de la Sécurité sociale, principalement dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.

En effet, la chaleur augmente fortement les risques d’accidents en induisant une baisse de la vigilance et une augmentation des temps de réaction. La transpiration rend les mains glissantes ou gêne la vue. Il devient alors plus difficile d’effectuer une tâche demandant de la précision et plus risqué de réaliser celle nécessitant un effort physique important.

> Vigilance impérative dès que la température atteint 30° !

S’il n’existe pas de définition réglementaire du travail à la chaleur, au-delà de 30°C pour une activité sédentaire, et 28°C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur constitue un risque évident pour les salariés.

> 3 litres par jour à chaque salarié

Chacun élimine comme il peut, il faut savoir cependant qu’en général, chacun de nous évacue, chaque jour, environ : 1,5 litre d’urine, 0,5 litre de sueur, 0,5 litre par les poumons (sous forme de vapeurs) et par les intestins.

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Sur le chantier, le patron doit fournir un point d’eau.

Cette importante élimination de liquide doit impérativement être compensée par des apports équivalents pour que le corps humain (composé à 70% d’eau) puisse continuer à fonctionner. Une perte de poids corporel de 2% liée à la déshydratation fait, tout de suite, chuter les performances (mémoire, attention, etc.).

En cas de fortes chaleurs la déshydratation est le premier risque contre lequel il faut lutter. Elle se manifeste sous différentes formes telles que la sensation de soif intense, de la sécheresse de la peau et des muqueuses et de sensation de fatigue.

> Les réactions physiologiques

Lorsque la température ambiante augmente, la température corporelle a tendance à augmenter et l’’organisme réagit pour maintenir cette température constante en augmentant le débit sanguin et les déperditions calorifiques par la sudation.

En règle générale, les personnes plus âgées, obèses, sous traitements médicamenteux, sans oublier les consommateurs de boissons alcoolisées, sont plus à risque. La chaleur peut également agir comme révélateur ou facteur aggravant de pathologies préexistantes, essentiellement cardiorespiratoire, rénale, endocrinienne (diabète…). Outre la prise de conseils auprès de leur médecin traitant, les travailleurs présentant ces facteurs de risque peuvent bénéficier d’une visite à leur demande auprès du médecin du travail (article R. 4624-17 du Code du travail). En cas de besoin, un aménagement du poste de travail sera proposé.

> Veiller à la santé des collègues

La vigilance de tous doit être mobilisée pour porter secours au salarié victime d’un coup de chaleur. En voici les symptômes :

  • Niveau 1 : L’œdème de chaleur,

C’est un gonflement par de l’eau des tissus, éventuellement associé à une apparition de minuscules points rouges à la surface de la peau accompagnés de picotements.

  • Niveau 2 : Les crampes et la syncope de chaleur,

Se manifestent par douleurs musculaires aiguës (jambes et abdomen), et des sensations de vertige et une perte de conscience soudaine et brève, survenant généralement après une longue période d’immobilité ou lors de l’arrêt d’un travail physique dur et prolongé.

  • Niveau 3 : L’épuisement,

Dû à la chaleur peut avoir de nombreux symptômes : sudation abondante, froideur et pâleur de la peau, sensation de faiblesse, d’étourdissement ou de soif intense, troubles de la vue, nausées, maux de tête, vomissements, pouls faible diarrhées, crampes musculaires, difficultés respiratoires, palpitations, picotements et sensations d’engourdissements dans les mains et les pieds. Il est lié à une perte des tissus en eau et en sels minéraux consécutive à une sudation exagérée.

  • Niveau 4 : Le coup de chaleur,

C’est un des troubles les plus graves, imputable à un travail prolongé en ambiance chaude. Le coup de chaleur se manifeste par une température corporelle souvent supérieure à 40,6 °C, peau sèche et chaude, pouls rapide et fort, respiration accélérée, maux de tête, nausées, vomissements, peau sèche, rouge et chaude, absence de transpiration, confusion, comportement étrange, délire, voire convulsions, pupilles dilatées, et possiblement à une perte de conscience partielle ou totale.

Son traitement impose une intervention et des soins médicaux immédiats pour préserver les organes tels le cerveau, les reins et le cœur de dégâts irréversibles, voire le décès (15 à 25 % des cas) par défaillance de la thermorégulation.

> Renforcer le collectif de travail

Dès que ces signes d’alerte sont détectés chez un travailleur exposé à la chaleur, il faut agir rapidement. Le premier réflexe doit être d’alerter les secours extérieurs : Samu (15) ou pompiers (18). Puis Amener la victime (si elle peut être déplacée) dans un endroit frais et bien aéré, la déshabiller ou desserrer ses vêtements, lui appliquer de l’eau froide, et si est consciente, lui faire boire de l’eau fraîche. Si la victime est inconsciente mais respire, la mettre en position latérale de sécurité, en attendant les secours.

La solidarité de classe qui veut que l’on prenne collectivement soin de notre santé, doit permettre d’intervenir auprès de camarades qui par leur attitude au travail ou dans leurs consommations (nourriture, boissons, ou addictions diverses) se mettent en danger eux-mêmes mais aussi parfois le collectif de travail.

Une meilleure hygiène de vie pour chacun, ne peut que renforcer la force et la cohésion du groupe.

  • Inviter des collègues à s’hydrater, ce peut être aussi suggérer de remplacer l’alcool, les sodas par de l’eau,
  • partager la pause de midi peut donner lieu à la prise de repas collectifs plus légers,
  • revendiquer des pauses plus fréquentes pour partager des fruits secs …
  • Rester attentifs aux camarades qui dans le respect de leur religion s’imposent des journées de jeune.

Pour éviter les accidents, les travailleurs doivent bien évidemment aussi agir pour que l’employeur respecte ses obligations de sécurité.

> Obligations patronales

En effet, au regard des articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du code du travail, les employeurs doivent prendre les mesures nécessaires visant à assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs qu’ils emploient.

> Prévoir les risques et les anticiper

L’employeur doit évaluer puis consigner dans le document unique le risque « fortes chaleurs » lié aux ambiances thermiques, et bâtir un plan d’action de prévention.

Les salariés revenant d’un congé de maladie, les intérimaires ou les nouveaux embauchés doivent faire l’objet d’une vigilance particulière.

En effet, sous l’effet d’expositions répétées ou prolongées, l’organisme acquiert une meilleure tolérance à la chaleur : c’est le phénomène d’acclimatation ou acclimatement. Le phénomène de transpiration devient plus efficace, les risques de déshydratation diminuent, le coût cardiovasculaire baisse… L’acclimatement, qui réduit les risques liés à la chaleur, est généralement obtenu en 8 à 12 jours.

Toutefois, il n’est que transitoire puisqu’il s’atténue puis disparaît totalement 8 jours après l’arrêt de l’exposition à la chaleur. L’expérience est souvent trompeuse, et fait croire à certains salariés que leur ancienneté dans la profession leur garantie un retour dans des emplois de force sans conséquences. Ce dont il faut se méfier.

> Informer les salariés

L’employeur doit informer, quand il existe, le Comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) des mesures à mettre en œuvre en cas d’épisode de canicule.

L’employeur doit aviser les salariés des risques, des moyens de prévention et des mesures de premiers secours. Mais également les inciter à se surveiller mutuellement afin de déceler rapidement les signes du coup de chaleur.

> Organiser les chantiers en conséquence :
  • Vérifier, chaque jour, les conditions météorologiques afin d’évaluer le risque.
  • Aménager les postes de travail extérieurs avec des zones d’ombre ou des aires climatisées. Et en cas de conditions climatiques potentiellement dangereuses (orage par exemple), un abri ou des aménagements du chantier doivent permettre aux salariés de se mettre en sécurité.
  • Afficher dans un endroit accessible à tous les salariés le document établi par le médecin du travail.
  • Prévoir des sources d’eau potable fraîche à proximité des postes de travail en quantité et en qualité suffisante.
  • Réduire des cadences
  • Augmenter les pauses en périodicité et durée.
  • Organiser les taches permettant au salarié d’adapter son rythme de travail selon sa tolérance à la chaleur.
  • Limiter l’isolement des travailleurs.
  • Multiplier les aides mécaniques à la manutention.
  • Commencer la journée plus tôt, supprimer les équipes d’après-midi, pour limiter la durée d’exposition aux heures les plus chaudes.

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On bosse pas à poil même quand il fait chaud ! Réduire la cadence reste le plus efficace.

> Travail en intérieur

L’employeur doit veiller au renouvellement de l’air pour éviter les élévations exagérées de température.

Dans les locaux à pollution non spécifique, l’aération doit être assurée par ventilation mécanique ou par ventilation naturelle permanente.

L’évacuation des locaux s’impose si la température intérieure atteint ou dépasse 34° en cas de défaut prolongé du renouvellement de l’air (recommandation CNAM R.226).

> Fourniture de protections spécifiques contre les rayons UV

L’employeur doit fournir des tenues de chantier claires, couvrantes (pantalons et manches longues) et permettant l’évaporation de la sueur, constitués avec des matières traitées anti-UV et adaptées à la chaleur, mais aussi des casques à bords larges pour protéger le visage et le cou, et de solides lunettes avec des filtres UV pour ménager les yeux.


Si le patron se montre récalcitrant, ne pas hésiter à le faire suer à son tour
  • Alerter le CHSCT, s’il existe dans l’entreprise, ou le Délégué du Personnel.
  • Saisir l’inspection du travail, au titre de l’article R4225-1 du code du travail, pour défaut de prévention.
  • Exercer son droit de retrait
  • Dans tous les cas, prendre conseil auprès du syndicat.