Nous ne les laisserons pas voler notre 1er mai !

Communiqué de presse du 3 mai 2023

Le cortège bordelais était massif ce lundi 1er mai, journée de lutte pour les travailleurs et travailleuses du monde entier.
La colère est importante face aux nombreuses injustices sociales mais nos gouvernements successifs parlent la même langue, emplies de mépris de classe, et adoptent la même stratégie, celle de la terreur.


Nous en avons encore fait les frais ce lundi 1er mai, ça devient coutumier (1). A l’angle du « tribunal de justice » de Bordeaux, la police se déploie et nasse entre 20 et 30 manifestant-e-s au pif. Parce qu’ils/elles étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Parce que la police décide tout d’un coup de serrer du monde, comme ça, au pif, au doigt mouillé, à la gueule du client.


Mais nous sommes encore nombreux-ses à refuser de tourner le regard sous prétexte qu’il y aurait des « bons » et des « mauvais » manifestant-e-s. Notre colère est immense, pas contre les « casseurs » de vitrines mais contre celles et ceux qui cassent nos vies et nos espoirs d’une vie meilleure. Et comme ils ne savent pas faire autrement que de taper, ils tapent, ils gazent, ils insultent. Comme ça au pif, parce que ça les démange.

Photo : Loïs Mugen

La fin de manif où se trouvait notre cortège et d’autres manifestant-e-s a ainsi été gazée et chargée violemment. Le face à face durera presque une heure.


Dans une manif épiée par des drones, la police a procédé à plus d’une vingtaine d’interpellations. A l’heure qu’il est, la plupart ont été libéré-e-s, certain-e-s après 48h de garde-à-vue avec… un classement sans suite. Tout simplement parce que les dossiers sont VIDES. Comment justifier ces longues gardes-à-vue – sans motifs – autrement que par de l’intimidation ou du fichage ?


A ce triste bilan s’ajoute celui des blessé-e-s. Une équipe de « médics » a comptabilisé au moins dix-huit personnes prises en charge par les pompiers, dont quatre pour des blessures à la tête. Évidemment tous les blessé-e-s qui n’ont pas fait l’objet d’une prise en charge par les pompiers n’ont pas été comptabilisé-e-s.


Au lendemain de cette manifestation, un rassemblement était organisé devant les marches du commissariat central pour demander la libération des interpellé-e-s (2). La police a une nouvelle fois chargé, gazé et interpellé cinq personnes. Un policier a traité une manifestante de « salope » en la plaquant au sol (3). A l’heure qu’il est, ces personnes n’ont toujours pas été libérées.


Les origines du 1er mai, vous les connaissez peut-être : la lutte pour la journée de huit heures et l’assassinat de cinq militants anarchistes américains (4).
Chaque année cette mémoire nous anime. Et c’est la raison pour laquelle nous continuerons de la faire vivre. C’est la raison pour laquelle nous ne les laisserons jamais voler notre premier mai.



Le syndicat Unifié du Bâtiment et des Travaux Publics de l’Aquitaine.

1 – Article sur le 1er mai 2019

2 – https://rue89bordeaux.com/2023/05/interpelles-le-1er-mai-et-places-en-garde-a-vue-ils-denoncent-des-arrestations-arbitraires/

3 – https://twitter.com/JostMaxenc6873/status/1653469666071724056/video/1

4 – Article sur l’histoire du 1er mai

Ces grèves ne servent à rien !

> Billet d’humeur du syndicat du BTP de la Gironde

Ces grèves ne servent à rien !

Un jour par ci un jour par là, c’est reparti pour les grèves « saute-moutons ». Pour les salarié-e-s que nous sommes, ces grèves nous mettent en difficulté. On laisse filer des journées de salaire, on s’expose aux sanctions, aux pressions, aux licenciements… Oui la grève est un droit mais lorsque nous l’utilisons, il n’est pas rare que nous en subissions les conséquences.

Les « mouvements sociaux » finissent par s’éteindre et les réformes par s’accumuler. Celles et ceux qui prennent les risques sont doublement sanctionné-e-s.

Ces « journées d’actions » éparpillées sur plusieurs semaines voire plusieurs mois ne permettent pas de massifier le mouvement ni de créer un rapport de force. Au contraire elles nous affaiblissent d’années en années.

Il n’en faut pas plus pour qu’on vienne nous dire que « la grève ne sert à rien ».

La grève ne sert à rien ?

Si vous aviez dit à un-e travailleur-se du début du 20e siècle qu’un jour on pourrait partir en congés tout en étant payé, il/elle vous aurait traité d’uluberlu.

Si vous aviez dit à ce-tte même travailleur-se qu’on pourrait un jour partir en retraite tout en ayant une rente, il/elle vous aurez qualifié d’utopiste. Etc.

Et pourtant aujourd’hui ça nous semble avoir toujours existé. Il en fallu des luttes, des grèves, des blocages, des occupations, pour que les travailleur-se-s arrachent des contre-parties à leur exploitation quotidienne. Oseriez-vous traiter nos aïeux de feignant-e-s ? D’autant plus que beaucoup n’ont pas bénéficié des droits pour lesquels ils/elles se sont battu-e-s ! Peut-être pourrions-nous en faire autant pour les générations futures ?

Et puis la grève, ça permet de remettre les pendules à l’heure : sans travail, pas de production. Sans production, pas de bénéfices. Sans bénéfices, pas de richesse, pas de salaire pour le patron, pas de parachute doré, etc. En clair, ça permet de rappeler que le/la travailleur.se ne coûte rien, mais qu’il/elle produit tout.

Nos adversaires nous piétinent peu à peu et expriment un violent mépris pour la classe ouvrière. Certain-e-s travailleur-se-s ont intégré ce mépris au point de vouloir s’extirper coûte que coûte de la classe ouvrière, au point de se livrer à une guerre sans merci contre leurs collègues. Il n’y a pourtant aucune honte ni aucune méfiance à avoir vis-a-vis de ce que nous sommes. La classe ouvrière doit reprendre confiance en elle-même, elle pourra ainsi espérer obtenir de nouvelles conquêtes sociales.

La grève générale illimitée.

Nous avons l’impression d’enfoncer des portes ouvertes lorsque nous disons que plutôt que d’être des milliers à faire 15 journées de grève éparpillées sur 6 mois (comme ce fut le cas en 2016), il nous suffirait de faire 15 jours de grève d’affilée pour les faire plier. En trois mots : « Grève générale illimitée ». Qui plus est, il est fort probable qu’une perspective de victoire inciterait nombre de salarié-e-s à prendre les risques qu’implique la grève.

La tâche est immense et nous sommes bien conscient-e-s que la grève générale et illimitée a peu de chance d’éclater demain. Mais pour qu’elle advienne un jour, nous devons la préparer, nous devons nous organiser, nous solidariser, rétablir un rapport de confiance entre salarié-e-s des différents secteurs professionnels.

Notre syndicat s’inscrit dans ce travail quotidien. Et en attendant que les conditions soit réunies, nous continuons et continuerons d’appeler à la grève générale illimitée.

Jeudi 19 octobre 2017

Le syndicat SUB-TP-BAM de la Gironde

On est tou-te-s dans le même bateau ?

> Billet d’humeur

Les patrons savent crier haut et fort qu’ils prennent (tous) les risques, que la réussite de l’entreprise est due à leur bonne gérance, que lorsqu’un chantier se passe bien c’est grâce à eux, qu’ils tiennent leur entreprise à bout de bras.

Faut-il leur rappeler que leurs salarié-e-s travaillent, produisent et donc génèrent les bénéfices ? Et parfois aussi, ils/elles en meurent. Ne serait-ce pas ça, le plus gros risque ?

La Mèche

Vendredi 07 Juillet 2017, suite à la chute d’un outil sur sa tête, un ouvrier décède sur le chantier des quais de la Dordogne (Libourne)1. Le lundi suivant, à Queyrac (Médoc), un maçon meurt enseveli sous des gravats après l’effondrement du mur sur lequel il travaillait.2

Le premier était intérimaire pour EOL Intérim, le deuxième n’avait que 21 ans. Nous sommes nous mêmes des travailleur-se-s du BTP et nous savons que la précarité et la jeunesse sont deux critères qui font de nous des salarié-e-s particulièrement exposé-e-s aux risques. Par manque de formation ou parce qu’on n’est pas en situation de pouvoir faire respecter nos droits.

Une fois l’accident survenu, il est trop tard.

Nous, membres du syndicat du BTP, souhaitons témoigner une nouvelle fois que nous sommes attristé-es par ces décès car ils sont irréparables. Mais nous refusons de nous résigner !


En France, en 2015, dans le seul secteur du BTP, 130 morts ont été recensés (soit un mort tous les 2 jours ouvrables). Nous savons que dans nos métiers, le risque zéro n’existe pas, mais nous savons aussi que nombre de ces morts pourraient être évitées.

Les conditions liées à l’exercice de nos métiers nous mettent en situation de danger. C’est pourquoi nous considérons que les patrons portent une lourde responsabilité dans ces drames.

Faujour

Évidemment, nous savons que des salarié-e-s refusent eux-mêmes certaines sécurités, comme si le danger devait faire partie du métier… Et il n’en faut pas plus pour que les employeurs osent rejeter la faute sur les salarié-e-s : « Je lui avait dit de faire attention… ».

Comme si, le patron, qui sait se faire obéir pour que les ouvriers arrivent à l’heure, qui sait se faire obéir lorsqu’il faut exécuter une tâche, qui sait se faire obéir lorsqu’il faut faire une heure sup, … Ne sait pas se faire obéir lorsqu’il demande de travailler en toute sécurité. En réalité, les employeurs considèrent que la sécurité coûte de l’argent et ralentit les cadences. Ils estiment que les formations sur ce sujet ne sont pas nécessaires.

Serait-ce trop demander que de pouvoir exercer nos métiers dans des conditions sécurisées et décentes ? D’ailleurs, à ce titre, nous rappelons qu’il existe encore un « droit de retrait » face aux situations de dangers.


Les patrons mettent des euros en face de la sécurité. Nous, chaque jour, nous mettons notre vie.

Accidents du travail : terrorisme patronal!


Pour plus d’infos sur les accidents du travail, on vous conseille :


Intervention du 1er mai 2017

Intervention du 1er mai 2017

Avant le second tour de l’élection présidentielle entre Macron et Le Pen…

> Communiqué du syndicat CNT Construction de la Gironde

Notre organisation syndicale, la CNT, puise ses racines dans la résistance au franquisme espagnol. À ce titre, elle a une idée très précise de ce que constitue l’engagement antifasciste. Nous sommes d’ores et déjà convaincu-e-s que si le Front National venait à être élu, notre syndicat figurerait parmi les cibles privilégiées de ce nouveau gouvernement.

Macron, rempart contre l’extrême droite?

Mais nous sommes également convaincu-e-s que jamais un candidat capitaliste ne pourra être un rempart à un parti d’extrême droite. Nous irons même plus loin en affirmant qu’il est illusoire de vouloir détruire le fascisme sans abolir le capitalisme.

Ce système économique met en concurrence les travailleurs/euses du monde entier, générant ainsi des inégalités basées sur des schémas de dominations : racisme, sexisme, xénophobie, homophobie… La montée des théories d’extrême droite est liée à la misère et à la violence que génère la société dans laquelle nous vivons.

Tout est prêt pour que l’élection d’Emmanuel Macron soit une forme de soulagement. Ce serait une duperie de plus. Ce serait reculer pour mieux sauter. Quelle que soit l’issue du second tour, nous avons déjà une certitude : les travailleurs/euses (avec ou sans emploi, avec ou sans papiers) seront la cible des attaques du prochain gouvernement.

Ce qui nous inquiète le plus, ce n’est pas tant le score du front national que le fait que les théories et les propos réactionnaires gangrènent notre société. Nous combattons ceux/celles qui théorisent, alimentent et répandant cette idéologie, bien au-delà de ce seul parti.

Sur les chantiers…

Beaucoup de nos collègues de chantiers sont perclus de propos racistes. C’est le fruit de gouvernements qui ont dragué leur électorat quitte à tout lui promettre pour ensuite ne créer que du désespoir et de la désillusion. C’est le fruit de l’utilisation de la menace terroriste pour justifier la guerre et la fermeture des frontières.

James Baldwin, écrivain afro-américain, disait à propos de la ségrégation raciale :

« Je suis terrifié par cette apathie morale, cette mort émotionnelle qui se produit dans mon pays. Ces gens se leurrent depuis si longtemps qu’ils ne me considèrent pas comme humain ».

Nous, travailleurs/euses du BTP, faisons vivre notre syndicat comme un espace pour y développer la solidarité de classe, et on peut vous assurer que cette démarche est à l’antipode de l’Unité nationale. Parce qu’il n’est nul besoin d’être français-e pour être solidaire et parce que nous ne perdons pas de vue que nous combattons ceux/celles qui nous oppriment, fussent-ils/elles français-e-s.

La CNT Gironde se revendique d’un syndicalisme révolutionnaire et défend un projet de société libertaire, sans classes et sans frontières. C’est pourquoi les capitalistes, comme les fascistes, nous qualifient de violent-e-s terroristes et nous combattent avec hargne.

Nous ne sommes que des individus convaincu-e-s qu’il faut en finir avec les pansements sur des jambes de bois. Car si nous espérons vivre mieux durablement, il faut envisager de changer radicalement notre société. Nos propositions ne sont ni dépassées, ni poussiéreuses, elles sont ambitieuses et pleines d’espoir.

Nous pensons aujourd’hui qu’il est urgent de préparer la riposte sociale. Cela nécessite que nous soyons organisé-e-s, plus nombreux-ses et déterminé-e-s.

Face au au fascisme, comme au capitalisme, la solidarité est notre arme.


À l’occasion de la contre-soirée du débat du 2nd tour, le collectif Pavé Brûlant avait invité notre syndicat à lire cette intervention :

Quelques images de la manifestation bordelaise du 1er mai


Pour aller plus loin:

Un site méchamment antifasciste : La Horde


L’agence Intérim Happy Job condamnée !

> Communiqué

Après un peu plus d’un an de procédures, notre syndicat du Bâtiment et des Travaux Publics de la Gironde a obtenu satisfaction devant le tribunal des Prud’hommes de Bordeaux qui a requalifié un contrat à temps partiel en contrat à temps plein.

Arrêt de la cour de cassation sociale (21 mars 2012, n° 10-23.650) : « Attendu, que selon l’article L. 3123-14 du code du travail, le contrat écrit du salarié à temps partiel doit mentionner […] la répartition de la durée du travail entre les jours de la semaine ou les semaines du mois ; [..] l’absence d’écrit mentionnant la durée du travail et sa répartition fait présumer que l’emploi est à temps complet […]. »

Dans le cas que nous défendions, le salarié intérimaire ne savait pas quel jour il allait travailler, combien d’heures il allait effectuer dans la semaine, à quelle heure il allait embaucher ou débaucher, etc. Il était à la disposition permanente de son employeur. Impossible alors de chercher un autre contrat à temps partiel, d’organiser sa vie personnelle, son temps libre, ses loisirs, de savoir combien il allait gagner à la fin du contrat, …

Lorsque le salarié s’est rebiffé, l’agence Happy Job lui a répondu de se tenir à carreau et de cesser de « revendiquer ». Il ne faisait que demander l’application de ses droits.

Notre syndicat a donc pris le relais et s’est rendu à cette agence dans l’idée de trouver un accord. Autant vous dire que l’accueil n’a pas été très « happy ». Ils ont tenté de nous dissuader, c’était mal nous connaître.

En plus d’avoir obtenu la condamnation de cette agence d’intérim, nous avons bien l’intention de faire savoir qu’Happy Job Bordeaux, comme un certain nombre d’autres agences d’Intérim, ne respecte pas les droits des intérimaires.

Une pratique trop courante.

Cette histoire n’a rien d’exceptionnel. Nous pourrions même vous étonner en disant que nous n’avons rien « gagné » puisque le salarié intérimaire n’a fait que récupérer ce à quoi il avait droit. Par contre, cela montre une nouvelle fois que, si on ne se défend pas et si on ne s’organise pas, on est un peu plus volé-e-s, un peu plus humilié-e-s, un peu plus corvéables à merci.

Même si vous êtes un-e travailleur/euse précaire ou intérimaire, vous avez des droits. Pour les conserver, il faut les défendre. Et pour les défendre, mieux vaut ne pas être seul-e.

Traductions : 

  • « Happy »  : Heureux, content.
  • « Union » : Syndicat


Pour aller plus loin:

Un article du site Juritravail sur la possibilité de requalification des contrats devant le conseil des prud’hommes.